Avant le début de la crise du Covid-19, le tourisme représentait environ 8 % du produit intérieur brut (PIB) de notre pays ainsi que 2 millions d’emplois directs et indirects. Au sein de ce secteur important pour l’économie française, la gastronomie joue un rôle-clé en matière d’attractivité touristique et d’emploi.
Un exemple concret vient de nous en être donné tout récemment avec l’inauguration du magnifique établissement qu’est le Château de Beaulieu à Busnes, repris par Christophe et Delphine Dufossé. L’occasion aussi de fêter une première étoile qui en amènera certainement d’autres.
Marc Meurin et ses deux étoiles lui avait donné une notoriété. Le couple originaire de Calais y développe depuis une année un véritable projet qui associe 72 salariés et qui améliore l’offre touristique haut de gamme dans notre Département mais traduit aussi l’évolution et l’adaptation de ce secteur à notre époque où s’imposent le circuit court, le durable et l’innovation.
C’est parce que nous croyons, au développement du tourisme dans notre région, à son rayonnement international et à son évolution vers un tourisme de plus longs séjours plutôt que de passage que le projet de M. et Mme Dufossé a été soutenu par la région Haut de France et l’agglomération de Béthune-Bruay, les deux collectivités compétentes. L’investissement total est de 5 millions d’euros. Un bel acte de foi.
Un autre événement s’est déroulé dans notre département ces derniers jours. Le salon Omnivore qui a pour objectif d’associer bien manger et circuits courts a connu un réel succès et sera reconduit pour au moins deux années. S’y sont d’ailleurs associés 50 chefs dont Christophe Dufossé et Alexandre Gautier. De qui stimuler les motivations des lycéens des écoles hotelières régionales.
L’économie touristique représente un vrai potentiel. Et c’est par ce que nous y croyons et que nous connaissons les enjeux qu’avaient été mises en place de nombreuses mesures pour sauvegarder ce secteur d’activité malmené pendant la pandémie.
l’État a apporté un soutien aux secteurs de la gastronomie et du tourisme
Petit rappel. Les entreprises du tourisme et de la gastronomie étaient naturellement éligibles aux aides génériques mises en place par l’État, telles que le Fonds de solidarité, les prêts garantis par l’État (PGE), le chômage partiel ou encore le report, voire l’exonération de certaines cotisations. Par ailleurs, des mesures spécifiques à l’économie touristique ont été prises pour répondre aux besoins de ce secteur. Ainsi, des PGE s’adressant en particulier aux entreprises saisonnières ont été introduits.
Au-delà de cette mobilisation inédite à l’échelle nationale, le Gouvernement français a contribué à la coordination européenne en matière de reconnaissance mutuelle des tests et des vaccins contre le Covid-19. Ainsi, la mise en place du certificat numérique européen dès l’été 2021 nous a permis de rouvrir les frontières aux touristes pour que les hôtels, restaurants, bars, cafés et établissements culturels puissent accueillir leurs clients européens dans les meilleures conditions. Cette mesure européenne, prise en amont de la saison estivale, a été très bénéfique pour notre la relance de notre économie.
Au-delà de la gestion de crise, adoption d’une stratégie qui vise à relever les défis de moyen et long terme
Cependant, pour que notre industrie touristique et le secteur de la gastronomie restent compétitifs à l’avenir, nous devons adopter une approche stratégique qui nous permette de relever des défis qui dépassent la sortie de crise. À ce titre, le plan « France Relance », doté de 100 milliards d’euros, comporte une première série de mesures, afin de répondre notamment à l’urgence écologique avec le Fonds de soutien à l’émergence de projets dans le tourisme durable. Ce Fonds soutient en priorité les restaurateurs et hébergeurs fortement ancrés dans leurs territoires, désireux de s’investir dans la transition verte par le biais des circuits courts, l’économie circulaire, la rénovation énergétique des bâtiments ou encore le renforcement du recyclage.
Pour aller plus loin, le Premier ministre, Jean Castex, a présenté le plan « Destination France » en novembre dernier. Il s’agit d’une stratégie de rebond et de transformation pour faire de la France la première nation touristique durable. Si nous sommes au premier rang des nations touristiques en termes de visiteurs, nous ne sommes qu’à la troisième position des économies touristiques en matière de chiffre d’affaires. Il s’agit là d’un constat que j’ai déjà dressé en 2019 dans le cadre d’un rapport d’information intitulé Industrie touristique, dans quels sens progresser ?, présenté avec mon co-rapporteur, le député Didier Martin, devant la commission des Affaires économiques (le rapport est disponible sur le site de l’Assemblée nationale : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/rapports/cion-eco/l15b2190_rapport-information.pdf). Pour atteindre ces objectifs, le plan « Destination France » est constitué autour de quatre piliers :
- Conquérir des talents pour lutter contre le manque de main-d’œuvre;
- Renforcer la résilience et la montée en gamme;
- Accélérer la transformation durable et numérique;
- Mise en valeur du patrimoine.
Rappelons aussi qu’en matière de main d’œuvre, des efforts considérables ont été faits ces dernières années pour promouvoir la formation professionnelle et faciliter l’insertion professionnelle des jeunes, si bien que les années 2020 et 2021 ont connu des chiffres record en termes de contrats d’apprentissage signés, malgré la crise sanitaire : 495 000 contrats signés en 2020 et 718 000 en 2021 !
Ces efforts doivent doivent profiter au secteur de l’hôtellerie et de la restauration qui a tant de mal à recruter depuis la reprise.
Les activités et réflexions menées à l’Assemblée nationale
Ayant le développement de l’économie touristique et de la gastronomie française à cœur, je me réjouis de ces initiatives prises par le Gouvernement. Celles-ci correspondent aux propositions que j’ai pu faire avec les députés de la commission des Affaires économiques. Ainsi, nous avons, depuis l’été dernier, fait remonter aux ministres concernés les difficultés qu’ont rencontrées les entreprises de l’hôtellerie et de la restauration en matière de recrutement et de main-d’œuvre.
De manière plus concrète, dans mon rapport au sujet de l’industrie touristique (cf. lien ci-dessus), je formule plusieurs préconisations et objectifs, dont notamment :
- L’ambition de faire de la France la première destination touristique en termes de visiteurs et de recettes, objectif repris dans le cadre du plan « France Destination ;
- La promotion du tourisme des quatre saisons pour mieux équilibrer les flux entre les territoires et les saisons, de manière à en réduire l’impact environnemental et à rendre moins dépendants le secteur à la saisonnalité ;
- La valorisation du patrimoine et de la gastronomie pour développer des synergies entre attractivité touristique et activité gastronomique afin d’en faire un levier pour l’emploi et les producteurs locaux.
Enfin, en février dernier, j’ai eu l’occasion d’échanger sur ces sujets avec le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, Franck Riester, à l’occasion d’un événement consacrée à la question de la gastronomie française comme facteur d’attractivité économique en matière d’exportations et de balance commerciale.
Notre soutien aux secteurs du tourisme et de la gastronomie et ambitieux et s’inscrit dans la durée : après la phase du « quoi qu’il en coûte » au plus fort de la crise sanitaire, nous nous attaquons désormais aux problématiques liées à l’emploi et aux grandes transformations que représentent la transformation numérique et la transition écologique.
Crédit photo Studio Helle : Le château de Beaulieu à Busnes