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L'Assemblée Nationale

 

Une « charte de bon voisinage » axée sur l’utilisation de produits phytosanitaires en agriculture, en particulier à proximité des lieux habités, est en cours d’élaboration dans chaque département par les maires et la FDSEA ; elles  doivent être terminées d'ici la fin de l'année. Tous les signataires s’engagent à les ouvrir  à tous les acteurs qui souhaiteraient s’engager.

L’objectif  est de préserver un cadre de vie du « bien vivre ensemble » en instaurant une concertation et un dialogue entre les agriculteurs, les élus locaux et les riverains. Les territoires ont leurs spécificités d’urbanisme, d’exploitations agricoles, de cultures, … Nous devons nous adapter aux territoires, tout en gardant un cadre national  pour être efficaces.

Je rappelle  le cap fixé par le gouvernement, à savoir l’interdiction des principaux usages du glyphosate dès le 1er janvier 2021 et de l’ensemble de ses usages au 1er janvier 2023.

La France a été rejointe par l’Allemagne qui, de son côté, a annoncé sa décision de bannir cet herbicide controversé fin 2023.

Un rapport parlementaire d’étape sur la sortie du glyphosate, présenté ce mercredi 13 novembre, permet de poser les bonnes questions et mettre à plat les contraintes de chacun, tout en relevant que toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour atteindre cet objectif.

Combien de tonnes de glyphosate sont-elles épandues en France ? A ce jour on ne peut qu’estimer ce tonnage et il est nécessaire d’avoir une source fiable afin d’évaluer l’efficacité des mesures engagées. Les membres de la mission parlementaire préconisent la création d’« une plate-forme nationale d’enregistrement des produits phytopharmaceutiques », base de données partagée qui favoriserait le pilotage de la sortie des produits phytosanitaires en général et du glyphosate en particulier.

Le premier obstacle à la transition est le coût global de celle-ci. En effet de nombreux agriculteurs estiment le coût de revient et d’investissement de cette transition de 50 à 150€ l’hectare.

La « mission d’information sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate », dirigée par les députés Jean-Luc Fugit et Jean-Baptiste Moreau, demande que l’Inra et les instituts techniques agricoles précisent « au plus tard en juin 2020 » les situations « qui ne pourront supporter un arrêt du glyphosate le 1er janvier 2021 sans menacer la survie de l’exploitation ni son environnement ».

La transition aura un coût, que ce soit en investissement pour développer le désherbage mécanique ou électrique palliant l’herbicide, en baisse de rendement ou en temps de travail supplémentaire sur l’exploitation.

Davantage de main-d’œuvre (+12,7 millions d’€), trois ou quatre fois plus de carburant (87 millions d’€), des investissements en matériels nouveaux et d'autres produits chimiques : la suppression de cet herbicide bon marché alourdira les charges des exploitations entre 50 et 150 euros l'hectare, selon le rapport. Les coûts de production du blé augmenteraient de 10 euros la tonne. Les techniques alternatives de désherbage émettraient aussi 226.000 tonnes de CO2 supplémentaires, selon l'association générale des producteurs de céréales.

Sans compter que certaines cultures ont des cahiers des charges très contraignants, comme la production de semences, de lin textile et celle de légumes frais et de conserve cultivés en plein champ (203.560 hectares) qui ne peut se permettre le moindre datura, plante extrêmement toxique pour l’homme, et qui pousse aux abords des champs et peut donc contaminer les moissons.

Il convient de trouver  un substitut aux herbicides pour pouvoir en arrêter leur utilisation, là où la seule alternative  est de détruire les mauvaises herbes à la main, au risque de se retrouver dans une impasse, tant les investissements en main d'œuvre seraient intenables.

Eloigner les cultures des maisons, par exemple une restriction de 5 mètres à proximité des habitations engendrerait la suppression de 9 000 hectares de terres exploitées dans le Nord Pas-de-Calais, soit l’équivalent de 90 fermes dans cette région ! C’est impensable. Ne peut-on tout simplement créer des haies pour séparer les limites des maisons des champs ?

Des études  doivent être menées sur l’ensemble des filières agricoles utilisatrice de cet herbicide, afin d’étudier de nouveaux soutiens techniques, financiers, et en ingénierie pour accompagner les agriculteurs  ; favoriser l’innovation dans de nouvelles technologies et produits de substitution pour éviter de mettre en danger l’existence même de certaines cultures ou de leurs exploitations agricoles, sous peine d’importer des produits cultivés dans d’autres pays où cela restera utilisé.

Le combat est européen. La France doit persuader ses partenaires moins engagés de la suivre.

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