Ma vie de députée

Marguerite Deprez-Audebert

Les voyages ne forment pas seulement la jeunesse… ils aident à mieux comprendre le monde à tout âge. Ils sont souvent indispensables pour mieux cerner les enjeux auxquels sont confrontés certains pays.  C’est le cas de l’Arménie, petit pays enclavé en Asie mineure et de plus en plus encerclé par le croissant turc.

Grâce à l’interruption des travaux parlementaires pendant deux semaines, j’ai eu l’occasion de participer à un voyage dans ce pays du Caucase, qui a toujours eu des liens avec la France et particulièrement depuis le génocide de 1915. Je rappelle qu’alors, près de 1,5 million d’arméniens chrétiens vivant majoritairement en Turquie avaient été massacrés.

L’occasion était de célébrer le 106ème anniversaire de ce génocide à Erevan, célébration qui rassemble toute la population mais aussi de faire une incursion au Haut Karabakh, berceau de l’Arménie, région convoitée par l’Azerbaïdjan et où a sévit une atroce guerre surprise de 44 jours en septembre dernier.

Erevan est à 4 heures trente de vol. la ville de plus d’un million d’habitants s’étend non loin du célèbre volcan turc Ararat qui culmine à 5105 m.

Quand on y débarque, on ne se sent pas dépaysé ; c’est bien sûr une ville qui a connu sa période et donc son architecture stalinienne mais c’est une capitale très vivante, arborée et plutôt très agréable et d’autant plus agréable que la Covid19 y semble de l’histoire ancienne ; en tous cas l’avantage d’être un pays enclavé, c’est que le virus n’y circule pas ... d’où le plaisir de tomber les masques pour quelques jours et de retrouver celui des terrasses et bistrots.

Samedi 24 avril

Remise de gerbes au monument situé sur une colline à l’extérieur de la ville ; la circulation a été coupée et la foule recueillie est invitée à marcher… Les gerbes et fleurs (des œillets rouges ou blancs) sont légion. La délégation française est triple : le ministre Jean Baptiste Lemoyne (qui en est à sa troisième visite), le président du Sénat Gérard Larcher avec un groupe de quatre sénateurs et notre délégation de six députés autour de Guy Teissier, notre collègue des Bouches du Rhône qui préside le groupe des amis du Haut Karabakh.

Solennité et émotion sont au rendez-vous. Nous croisons de jeunes Français membres de l’asso SOS Chrétiens d’Orient.

Après une courte visite du musée du génocide, cap vers le Haut Karabakh. Un trajet de 6 heures par le sud car l’autre route, celle du nord, plus courte est désormais en terre azeri.

Du dimanche 25 au mardi 27 avril

Première visite en hommage aux 2 000 morts dans un cimetière où sont ensevelis à même le sol les victimes, civiles et militaires, essentiellement des jeunes conscrits. Des fleurs par milliers, des pleurs aussi ; la scène est très émouvante.

Les entretiens se succèdent avec toutes les personnalités politiques qui nous expliquent la situation. Si les traces du conflit ont quasiment disparu dans la petite capitale Stepanakert.

Les habitants sont meurtris, et inquiets pour leur avenir ; ils ont bien conscience que les Azéris ne veulent pas en rester là et se préparent à enfreindre le cesser le feu obtenu par les Russes qui  ont envoyé une force de maintien de la paix et jouent le rôle de casques bleus de l’ONU.

C’est leur aval qu’il a fallu pour parvenir dans ce pays amputé des deux tiers de sa superficie.

Pas moins de sept contrôles ont été nécessaires. Heureusement Hovannes, le conseiller du Haut Karabakh en France nous accompagne. Comme tous ses compatriotes, il parle russe aussi bien que sa langue maternelle.

Une excursion dans la ville de Martuni, où nous rencontrons un jeune maire plein d’allant nous confirme que la guerre n’était pas virtuelle ; sa préoccupation : l’autonomie alimentaire après la confiscation de leurs meilleures terres agricoles, la crainte aussi d’une guerre bactériologique par un empoisonnement des fleuves dont ils n’ont plus la maitrise.

Des ouvriers pensent les plaies dans des rues désertées, des toits en tôle, brillants sous le soleil, indiquent qu’ils viennent d’être remplacés.

Un moment de joie qui s’exprime partout avec l’annonce de la reconnaissance par le président des Etats-Unis, Jo Biden, du génocide arménien ; elle était attendue depuis si longtemps ! Nous ressentons ce petit moment de bonheur dans un atelier de confection où les couturières nous ont réservé un accueil chaleureux avec un large sourire (ces dames travaillent pour un salaire mensuel de 150 euros !).

Un motif de satisfaction aussi avec la découverte du futur centre culturel Paul Eluard, qui doit ouvrir prochainement. Il est financé par un fond arménien mais aussi par quelques collectivités de France, dont Marseille et Sarcelles, où de fortes communautés résident.

J’apprends que pas moins de 70 de nos communes sont jumelées avec des villes arméniennes.

Mercredi 28 avril

 Retour sur Erevan, la capitale d’Arménie. Nous passons au large de Sushi, la capitale historique du Haut Karabakh, appelé Artsakh en langue arménienne. La prise de cette belle ville fortifiée est un symbole ; elle laisse comprendre que les barbares azériotes veulent aussi démolir tous les monuments patrimoniaux qui témoignent du passé du pays.

Jeudi 29 avril

Rencontres avec le président de la République, le président de l’Assemblée, le ministre des Affaires étrangères, le défenseur des droits…Tous remercient la France pour son soutien, ont certes beaucoup d’attentes mais nous comprenons bien que c’est notre intérêt et aussi celui de l’Europe. La stratégie expansionniste d’Erdogan est très préoccupante. La Turquie étant fragilisée économiquement, il faudrait trouver les moyens de l’affaiblir davantage, notamment de l’intérieur afin de freiner la folie du « sultan » Erdogan.

Vendredi 30 avril

Décollage à 4h3O du matin pour Roissy via Kiev (Ukraine).

Arrivée à 11h50 et train pour Arras à 13h07.

Aujourd’hui, en cette veille de 1er mai, fête du travail, c’est la der des der pour Bridgestone.

Rentrée à à temps pour accueillir la ministre Pannier-Runacher pour sa 5è visite depuis le 16 septembre, … non sans avoir rempli préalablement le livre d’or à destination des Bridgestoniens. C’est une journée forcément difficile pour eux, leurs familles, ... .

Mais ils sont sensibles à tout ce qui a été mis en œuvre pour les accompagner. Et ils remercient les élus qui à tous niveaux ainsi que l’Etat et le gouvernement se sont mobilisés.

zoom sur...

Mes rapports parlementaires

rapport parlementaire

Retrouvez en téléchargement mes rapports d'informations