Essentialis (en bas latin) : qui tient à l’essence, venant de la racine du verbe être en latin : esse. Essentiel, ce mot qui est propulsé en pleine lumière à la faveur du second confinement, ce serait donc ce qui est inhérent ou qui constitue l’être ?
La pandémie nous a contraint à revoir nos pratiques tant sociales que culturelles, en devant nous forcer à redéfinir ce qui est essentiel : l’essentiel à l’homme mais aussi à l’économie… Le choix de ce terme, par l’administration, a entraîné une dérive d’interprétation mais comme tout est désormais sujet à polémique…
On a privilégié « l’essentiel » pour se nourrir, pour travailler mais il n’empêche que tout ce qui est création de l’homme peut apparaître comme essentiel.
Reste à savoir ce qui est tient à l’essence d’un Homme, boire, manger, respirer, se soigner. Pour le reste : développer le langage, communiquer, se cultiver… ne fait pas partie des besoins primaires… Car c’est la parole qui est apprise avant même la marche, c’est bien la lecture et les histoires qui développent l’intelligence des enfants en bas âge…
Sur le plan de l’évolution, ce qui a distingué notre genre Homo, des autres espèces, est l’aspect culturel, artistique, spirituel… Aucun autre organisme n’a pu rivaliser dans ces domaines depuis plus de 2 millions d’années ! Et pourtant, nous plongeant dans la préhistoire, nous pourrions aisément imaginer nos ancêtres n’ayant pour but que de survivre, c’est-à-dire chasser pour se nourrir, se protéger des prédateurs et des conditions climatiques changeantes, se reproduire… Mais, au fond de leur être, plus fort que les lois de la nature, ils ont inventé, créé, symbolisé au travers d’outils, de bijoux, de peintures, de langages, de rites funéraires, de codes encore non déchiffrés, grâce au développement de leur cerveau … Ceci constitue pleinement l’essence de notre lignée qui a changé la face du monde et dont nous sommes les héritiers, les descendants !
Le secteur de la culture s’est engouffré derrière cette catégorisation simpliste et un peu trop rapide de nos biens en essentiels ou non essentiels… avec une extension aux besoins. Il a fallu faire des choix. Ont été privilégiés ceux qui multipliaient les « interactions dites sociales » Mais c’était sous-estimer la rébellion et la tristesse des acteurs de la culture et de tous ceux qui incarnent l’art de vivre à la française, la réaction de tous ceux qui savent manier les mots, qui en maitrisent l’impact et que des aides, fussent-elles massives, ne consoleront pas.
Saluons le chanteur Grand corps malade qui a fait de cette polémique une poésie et apporté un peu d’âme dans ces moments si durs à vivre pour bon nombre d’entre nous : https://www.youtube.com/watch?v=xzErRa6KF3Q .
