Valery Giscard d’Estaing

Le Président qui a eu tort d’avoir raison trop tôt. *

De quel Valery Giscard d’Estaing nous souviendrons nous ? Du Valery Giscard d’Estaing Ministre des Finances, du Président de la République, de l’académicien ou de Giscard l’européen ?

Le 2 décembre dernier est mort l’homme qui a su incarner tout cela à la fois et en particulier une époque dont les plus anciens se souviennent, une époque d’expansion et de libéralisation de la France, une époque où le chômage n’était pas endémique et où l’insécurité était maîtrisée. En somme, une époque encore sereine.

Giscard est d’abord l’homme qui s’engage à 19 ans en 1944 dans la 1ère armée du Général de Lattre et fait preuve d’un grand courage dans les combats en Allemagne des dernières heures de la seconde guerre mondiale. Il est cité à l’ordre de l’armée et décoré de la croix de guerre 1939-1945.

Avant d’accéder à la présidence de la République en 1974, après un parcours universitaire et grandes écoles sans faille (il a fait Polytechnique et l’ENA !) il évolue dans les cabinets ministériels dont celui très formateur de l’ancien Président du Conseil, le radical Edgar Faure, il est ministre des Finances du Général de Gaulle et de Georges Pompidou dans les années 60 et début 70 ; il est le principal artisan de l’introduction du nouveau franc en 1960.

En avance sur son temps, il est l’un des premiers à réclamer la création d'un « Sénat européen », élu au suffrage universel et se prononçant sur les textes législatifs ayant une portée communautaire, ainsi que d'une « Banque d'Europe », recevant des dépôts des banques centrales nationales et préparant la mise en place d'une monnaie commune.

Le bilan de Valéry Giscard d’Estaing c’est avant tout une France plus forte, plus juste et plus européenne. Prônant une « société libérale avancée », il fait voter l'abaissement de la majorité civile à 18 ans, la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse, le divorce par consentement mutuel, l'élargissement du droit de saisine du Conseil constitutionnel à 60 députés ou 60 sénateurs et la fin de la tutelle de l’Etat sur la télévision publique. C’est également la première loi majeure sur le handicap qui affirme un socle de droits fondamentaux (droit au travail, droit à une garantie minimum de ressources et droit à l'intégration scolaire et sociale) et impose l'accessibilité des lieux publics.

Le parcours politique de Valéry Giscard d'Estaing se caractérise, dès ses débuts, par son engagement européen : son premier grand discours à l'Assemblée nationale était ainsi consacré à la défense du traité de Rome. Peu à peu les élargissements successifs vont le conduire à souhaiter approfondir les institutions européennes.  Avec l'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, il appelle ainsi à la construction d'un ensemble fédéré comprenant dans un premier temps douze nations de l'Union européenne (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Espagne, Portugal, Autriche, Pologne, Irlande, Finlande). Un projet qui le conduira à appuyer l’idée, rejetée en 2005 par les Français, d’une constitution européenne… un texte qui aurait dû être débattu par les parlementaires.

Après son éviction en 1981 et un « Au revoir » resté célèbre, Valery Giscard d’Estaing était redevenu un élu territorial, attaché à l’Auvergne. Il a aussi été un écrivain, auteur de plusieurs essais et cinq romans, et élu à l’Académie française.

Valéry Giscard d’Estaing restera le Président d’une période économiques charnière, la fin des « trente Glorieuses » et le début des crises énergétique, économique, sociale mais également l’éclosion du terrorisme international.

Visionnaire, réformateur, européen convaincu, il aura su orienter les institutions françaises comme celles du vieux continent vers la modernité. (voir également la rubrique « ma semaine de députée »).

D’aucuns ont fait le parallèle à l’annonce de son décès avec notre Président actuel, Emmanuel Macron. Pour tous ceux qui ont connu les deux avènements, il est incontestable que cela représentait le même souffle de renouveau, le même espoir, même si la France a beaucoup changé.

Ce qui est certain, c’est qu’un septennat est apparu trop court à l’époque pour réformer notre pays. Et qu’a fortiori un quinquennat le serait au 21è siècle, surtout amputé d’une année pandémique !

* Edgar Faure : « avoir raison trop tôt est un grand tort »

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