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L'Assemblée Nationale

Nous voici à nouveau confronté au pire.

Le pire, c’est la guerre, la guerre en Europe, la guerre gratuite, la guerre du caprice et du bon plaisir, brutalement imposée, au mépris de toutes les règles et de tous les engagements, et sans justification aucune, à un peuple qui ne menaçait personne et qui n’avait que deux torts, celui de vouloir être libre et celui de n’avoir pour protéger ses frontières que la garantie donnée en 1994 par son agresseur. Malheur à celui dont le protecteur est son ennemi.

En préalable à la définition de notre action, nous devons nous poser une question très simple : que veut M Poutine ? Il y a un faux objectif et un vrai mobile. Le faux objectif, c’est de faire échec à la menace qui étreindrait la Russie. Qui peut croire que l’Union européenne et les États qui la composent aient représenté la moindre menace pour personne. Peut penser que l’OTAN qui a toujours été depuis sa création une alliance purement défensive se soit faite menaçante au moment où les États Unis détournaient leur attention vers le Pacifique ? L’OTAN a accueilli des Etats dont les peuples avaient été asservis par l’Union soviétique et n’a pas intégré l’Ukraine car ce pays s’était séparé à l’amiable de l’URSS et avait vu ses frontières garanties par la Russie. Peut-être avons-nous été non pas trop menaçants mais trop prudents car les récents évènements montrent que pour sauver son indépendance, il vaut mieux bénéficier de l’article 5 du traité d’alliance que d’en être exclu. Si le sentiment d’insécurité était le vrai motif de l’invasion de l’Ukraine, M Poutine n’aurait pas ignoré les efforts inlassables du président Macron pour sauver la paix en engageant avec nos alliés une négociation sur l’établissement d’un nouveau cadre multilatéral de sécurité.

Non, le vrai mobile de l’initiative russe, c’est d’empêcher l’Ukraine de préférer le modèle politique, économique et social des peuples d’Europe de l’Ouest à cette cleptocratie autoritaire que M Poutine impose à son peuple. M Poutine n’a tout simplement pas supporté que les Ukrainiens préfèrent suivre la voie des Européens du club de Visegrad plutôt que celle de la Biélorussie. Vladimir Poutine n’a pas supporté que les Ukrainiens refusent de faire de leur État la prison de l’Europe.

 la réponse à cette question nous permet d’en répondre une seconde : que devons nous faire ? D’abord réagir avec force à la provocation russe, relever le défi qui nous est lancé, apporter au peuple d’Ukraine toute l’aide compatible avec la non extension de la guerre au niveau mondial. Il s’est faire mentir ceux qui, non sans raison apparente, mettaient en doute la capacité d’une Amérique divisée et d’une Europe démobilisée à relever le double défi de l’unité et de la confrontation qui nous était lancé. C’est ce que nous faisons avec une rapidité, une efficacité et une détermination qui nous surprennent autant qu’elles étonnent ceux d’en face… Il y a longtemps que la France appelait à la montée en puissance des peuples rassemblés de l’Union européenne. Elle ne peut que se réjouir d’être désormais entendue, et saluer en particulier le formidable engagement de l’Allemagne sur un terrain, celui de la confrontation, y compris militaire, souverainement t assumée au nom des valeurs. Les vagues sans cesse renforcées de sanctions de tous ordres montrent assurément que pour nous le cap des bisounours est enfin et , espérons le , décisivement , franchi.

L’Europe se réveille au château du bois dormant et découvre, fût-ce au moins trente ans de retard, qu’il n’y a pas d’état de droit si le droit n’est pas fort et qu’il est inutile à la liberté d’avoir les mains pures si elle n’a pas de mains.

Il faut ensuite admettre que le plus dur pour le peuple ukrainien, comme pour nous d’ailleurs, est devant nous et que l’épreuve sera longue et pénible. Dans un de ces dernières allocutions le général de Gaulle rappelait aux Français que " la vie était un combat…. et… que le succès coûtait l’effort. “ Nous y sommes, mes chers collègues. Comme il est peu probable que M Poutine renonce malgré ses échecs initiaux, il va inévitablement passer à la vitesse supérieure en termes de recours à la violence, quitte à s’enfermer dans une impasse politique dont il sortira le moment venu – mais quand - inévitablement brisé. Les semaines, les mois, les années peut-être seront pour le peuple ukrainien, engagé dans une longue et dure guerre d’endurance, particulièrement éprouvante et cruelle.

Et pour nous, peuples de France et d’Europe, ce sera le moment de faire mentir Richelieu qui nous disait incapable d’un effort de longue durée, et d’encaisser stoïquement les sacrifices que nous imposera le maintien sur la longue durée d’un régime de sanctions. Notre désir de vaincre est peut- être de retour mais il faut savoir que l’obtention de la victoire ne sera pour personne une partie de plaisir.

En 1995, j’ai entendu au Parlement européen François Mitterrand rappeler dans un climat d’une ferveur inouïe cette vérité qui aujourd’hui nous prend à la gorge : “ le nationalisme, c’est la guerre,” le nationalisme, c’est à dire cette ambition fermée, autoritaire.  prédatrice qui prétend faire fi de la volonté des peuples et que nous voyons tragiquement à l’œuvre aujourd’hui derrière les chars russes. Le nationalisme, comme Malraux l’avait magnifiquement proclamé dans son discours à la mémoire de Jean Moulin, c’est le pire ennemi de la Nation, “ cette donnée invincible et mystérieuse qui allait emplir le siècle”, la nation, c’est à dire tout simplement le droit des hommes à vivre libre dans un État souverain.

Dans les combats d’aujourd’hui et dans le déchaînement de violences que tout laisse présager, le nationalisme, c’est Poutine, et la nation, le président Zellensky. L’homme qui veut des armes pour se battre et non un taxi pour s’échapper, nous rappelle évidemment Churchill, par son courage physique car il est une cible permanente pour celui dont, par sa seule parole, il défie le pouvoir et contredit l’ambition. Il nous rappelle aussi le vieux lion des heures sombres parce qu’il incarne l’union indestructible du combat pour la liberté d’un peuple, le peuple ukrainien, et pour les valeurs fondamentales, et fondamentalement menacées, de l’humanité tout entière. Le 18 juin 1940, Churchill proclamait que la bataille à armes ô combien inégales qu’il s’apprêtait à livrer au nazisme serait " la plus belle heure ne l’histoire de son pays ”, the finest hour of our history” car c’était à la fois la bataille de l’Angleterre et celle des valeurs de tout le genre humain.

Derrière la ferveur qui entoure d’un bout à l’autre de l’univers, la résistance du président Zellensky et du peuple ukrainien, il y a la reconnaissance du lien unissant l’indépendance d’une nation et la solidarité des hommes, la souveraineté des nations et la promotion d’un ordre international placé au service de tous. Aujourd’hui., l’interdépendance et l’indépendance ont cessé de s’opposer, la souveraineté et la solidarité sont désormais des sœurs jumelles. M Zellensky, mort ou vivant, gagnera son pari, parce que l’Ukraine, comme la France du 18 juin, n’est pas seule. Et M Poutine, vainqueur ou non sur le plan militaire, perdra politiquement le sien, parce qu’il aura tristement réussi à enfermer la Russie dans la prison des réprouvés.

Comment les femmes et les hommes de notre groupe pourraient- ils ne pas être au premier rang d’un combat qui se fonde sur les mêmes principes que ceux de la construction européenne : garantir la liberté des peuples par la mutualisation de leurs intérêts et la civilité organisée de leurs relations. Oui, mes chers collègues, le président Zellensky et le peuple ukrainien défendent ce qu’il y a de meilleur en nous, l’inscription de la sauvegarde des intérêts de chacun dans la solidarité de tous. Ce principe est à la base de soixante-douze ans de construction européenne et c’est pourquoi, le moment venu, l’´Ukraine du président Zellensky, l’Ukraine du courage, de la résistance, de la liberté et de la souveraineté, aura toute sa place parmi nous.

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