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L'Assemblée Nationale

Depuis juin, les champs de betteraves subissent une infestation massive de pucerons. Avec l'interdiction des néonicotinoïdes, substance toxique avérée, votée sans étude d’impact en 2016, suite à une directive européenne et mise en œuvre en 2018, les cultures sont atteintes par la jaunisse, notamment dans le centre du pays et les rendements mauvais. La croissance exponentielle de ces insectes a été très virulente cette année, accentuée par une sécheresse favorable à leur reproduction.

Contrairement à ses voisins, la France est le seul pays de l’Union à ne pas avoir prévu de dérogations et donc à avoir interdit totalement l’usage des néonicotinoïdes !  Un peu présomptueux ! Parallèlement, les betteraves belges sont épargnées par la jaunisse et leurs rendements préservés…

Le propos aujourd’hui est de permettre à nouveau et de façon temporaire un traitement des seules betteraves avec des « néonics ». Il faut passer par la loi, en vertu du principe « ce que la loi fait, seule une loi peut le défaire. »

Prévoir une dérogation ne signifie pas tuer les abeilles… on dit d'une plante qu'elle est mellifère lorsqu'elle sécrète du nectar ou est à l'origine de miellat. Or, les betteraves ne sont pas classées dans cette catégorie car elles n’attirent pas les abeilles, ne produisant pas de fleurs avant la période de récolte.

Pour faire simple, il n’existe pas de miel de betterave. Ce sont les abords des plantations qui peuvent être sollicités et doivent donc être protégés, car les abeilles peuvent être attirées par des plantes à proximité. De même, il est indispensable de vérifier le type de culture planté après les betteraves, car des résidus de pesticides peuvent se trouver dans le sol. C’est pourquoi des conditions strictes d’usage seront associées pour l’examen de toute demande de ces dérogations.

Il y a urgence à agir car la jaunisse des betteraves provoque des pertes de rendement de 30 à 50%, et incite les agriculteurs à ne pas en replanter. Le risque est donc un abandon massif de la betterave en 2021 par les agriculteurs au profit d’autres cultures. Mais lesquelles ?

Les enjeux économiques et sociaux sont très importants.  La France est le 1er producteur de sucre européen ; le secteur compte 46 000 emplois -dont 25 000 agriculteurs- 21 sucreries et pèse plus d’1 milliard d’euros d’excédent commercial, ce qui n’est pas neutre pour notre balance commerciale.

Par ailleurs, quel serait l’intérêt environnemental d’importer du sucre d’autres pays utilisant les néonicotinoïdes et dont le bilan carbone serait alourdi par le trajet, a fortiori du sucre de canne venant de l’autre côté de l’Atlantique ? Quel serait l’intérêt environnemental de continuer à augmenter les rotations des pulvérisateurs qui anéantiraient toute la faune, y compris les prédateurs (utiles) des pucerons ?

Avec mes collègues du Groupe MoDem, nous soutenons donc la volonté du Gouvernement de sécuriser les plantations de betteraves pour 2021 et les deux années suivantes, le temps de développer des alternatives réellement efficaces. Il n’est pas question de revenir sur l’interdiction globale des néonicotinoïdes pour laquelle notre pays reste pionnier.

Pas d’interdiction sans solution, et à chaque interdiction, une alternative : l’accompagnement est la clé de la réussite de toute transition. Si la transition vers une agriculture sans pesticides doit être entreprise avec détermination, elle ne peut pas, raisonnablement, faire l’impasse sur le principe de réalité.

Nous utilisons une possibilité offerte par le droit européen et mise en œuvre chez tous nos voisins.

Nous préférons donc laisser trois années supplémentaires pour développer des méthodes de substitution efficaces. Un conseil de surveillance sera chargé de faire des points d’étape sur les avancées de la recherche, une recherche qui devrait se dérouler au niveau européen, tant le problème est commun. L’objectif est bien de garantir aux consommateurs un sucre européen sans aucune trace de pesticide.

Une sucrerie produit aussi du gel hydroalcoolique en grande quantité à destination de nos hôpitaux, personnel soignant, aides à domicile, … C’est aussi du bioéthanol produit à partir des résidus laissés après l’extraction du jus sucré. Ce sera bientôt, associé à de la paille, de la nourriture pour animaux et donc moins d’importations à la clé...

 Il faut de la cohérence dans notre politique de souveraineté alimentaire dont la crise actuelle a montré l’ardente nécessité. Laisser les betteraviers sans solution, c’est risquer de voir disparaître une culture et une filière…car la betterave, c’est tout un écosystème !

A Lillers, on le sait parfaitement.

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