Relance de la machine « tourisme »

Quelle stratégie pour la France et pour l’Union européenne ?

L’actualité du pays ces dernières semaines a été marquée par des évolutions positives : amélioration de la situation sanitaire, assouplissement du couvre-feu, réouverture des terrasses et des commerces qui étaient fermés depuis des mois. De nouvelles mesures vont être prises cette semaine afin d’accélérer la reprise économique et d’assouplir les restrictions.

À partir de ce mercredi, l’Hexagone va ouvrir ses frontières aux touristes, à condition qu’ils soient vaccinés contre le Covid-19 ou dotés d’un test négatif. À l’approche de la saison estivale, il est important que l’économie touristique puisse reprendre ses activités. Durement frappé par l’arrêt total en réaction à la pandémie, ce secteur représentait plus de 7 % de notre produit intérieur brut (PIB) en 2018.

Afin de réamorcer l’attractivité touristique de la France, le Gouvernement a pris des décisions importantes :

  • Le 16 mai, Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes, a annoncé que les tests PCR seraient gratuits pour les touristes étrangers qui viennent passer leurs vacances en France. La France fait figure d’exception en la matière car, dans la plupart des autres pays européens, la gratuité des tests ne s’applique, en général, qu’aux personnes qui doivent se faire tester pour des motifs médicaux. Cette exception française est un réel atout pour doper notre économie touristique et les secteurs annexes, comme la culture et l’événementiel.
  • À partir du 9 juin, les touristes vaccinés en provenance d’un pays classé « vert » (espace européen de libre circulation et Australie, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande, Japon, Singapour, Israël) pourront venir en France sans se faire tester, selon les informations divulguées par le ministre délégué chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Les touristes issus d’un pays « vert » mais non vaccinés, devront se munir, en revanche, d’un test antigénique ou PCR négatif de moins de 72 heures. Pour les autres pays (zones « orange » et « rouge »), des restrictions supplémentaires en matière de dépistage, de motif impérieux et d’isolement resteront en vigueur.

Au niveau européen, un accord provisoire a été trouvé sur le certificat sanitaire visant à faciliter les voyages au sein de l’UE et de l’Espace Schengen à partir du 1er juillet, pour une durée de douze mois. Le texte législatif relatif au certificat sanitaire doit être définitivement adopté en séance plénière par le Parlement européen et le Conseil de l’UE. Il fournit un cadre européen commun, permettant aux pays européens de délivrer un « pass sanitaire » doté d’un QR code sur smartphone ou en version papier. Si le principe de la gratuité des tests n’a pu être instauré au niveau européen, la Commission européenne s’engage à mobiliser 100 millions d’euros pour l’achat de tests. Ces investissements ont pour but de rendre les tests plus abordables et accessibles.

Quelles seront les conséquences de ces décisions ?

Ces mesures ambitieuses, et notamment la gratuité des tests en France, soulignent notre volonté d’accompagner la reprise du secteur du tourisme et de renforcer notre attractivité touristique.

Toutefois, nous devons garder à l’esprit certains points de vigilance. Si la prise en charge du coût des tests doit soutenir la reprise du secteur touristique, les régions frontalières, comme les Hauts-de-France, sont confrontées à des défis spécifiques. Ceux-ci sont dus au fait que toutes les personnes qui traversent la frontière pour se faire tester ne sont pas des touristes ou des travailleurs frontaliers. Il serait donc souhaitable de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’effet d’aubaine et que les centres de dépistage dans les Hauts-de-France ou les autres régions frontalières ne soient pas surchargés. Nous devons conserver des capacités suffisantes pour les personnes devant se faire tester pour des raisons médicales.

De la même manière, les résultats des tests effectués peuvent potentiellement donner une image erronée de la situation sanitaire sur un territoire donné. Si un grand nombre de tests négatifs effectués auprès de touristes fait baisser le taux d’incidence de manière artificielle, cela pourra conduire à un éventuel relâchement par rapport aux gestes barrières. Face à ce risque, il est nécessaire de procéder à une analyse précise des informations recueillies avec ces tests.

Néanmoins, force est de constater que l’accès universel, gratuit et non bureaucratique aux tests met en relief l’ambition sociale de notre système de santé qui fait la force de notre stratégie en matière de lutte contre le Covid-19. Conformément au principe de précaution, il est préférable d’investir les moyens suffisants dans notre campagne de dépistage afin de faciliter l’accès aux tests et d’encourager les gens à se faire tester. Cela réduit les risques d’une nouvelle vague de contamination et représente donc un effort justifié au vu des impératifs de santé.

Du point de vue économique, nous devons cependant rappeler que la gratuité des tests pour les touristes se traduit par des coûts supplémentaires pour notre système d’assurance maladie. Or, endettée de près de 40 milliards d’euros en 2020, la Sécurité sociale se trouve dans une situation financière difficile. La prise en charge de l’ensemble des tests pourra représenter des coûts supplémentaires de plusieurs millions d’euros qui pèseront lourdement sur son budget.

Par ailleurs, il n’est pas possible de garantir à 100 % que les mesures prises par le Gouvernement auront l’impact escompté sur l’arrivée des touristes. En effet, l’an dernier, la demande touristique provenait majoritairement de clients français. Cette année, le contexte a encore évolué, notamment en raison de la circulation de variants plus contagieux, par exemple chez nos voisins britanniques, classés « orange », qui ont quitté l’espace de libre circulation européen le 31 décembre dernier. Ces facteurs ne vont probablement pas encourager la clientèle d’outre-Manche à passer ses vacances en France. Or, les Britanniques avaient représenté la première clientèle touristique en France, soit près de 15 % des visiteurs étrangers en 2018.

Toutefois, dans un contexte de reprise économique, il est nécessaire de renforcer l’attractivité touristique. Il s’agit d’un secteur-clé pour l’économie et pour l’emploi saisonnier dont les jeunes et les étudiants ont tant besoin en ce moment.

Après plusieurs mois de fermeture, le marché touristique devient de plus en plus concurrentiel. En témoigne l’ouverture des frontières espagnoles à toutes les personnes vaccinées du monde entier, annoncée ce lundi. Au moment de la réouverture des frontières en Europe, il est donc indispensable que la France fasse valoir ses atouts, notamment grâce à l’accès gratuit et universel aux tests.

Les mesures annoncées représentent donc des solutions qui permettent de concilier plusieurs facteurs : maîtrise de la circulation du virus, renforcement de notre attractivité touristique, poursuite de notre stratégie de réouverture. Elles témoignent de notre volonté d’accompagner avec précaution la réouverture des frontières aux touristes. Il s’agit là d’une contribution importante que fournit la France au redémarrage de son économie, mais aussi pour sécuriser la reprise de la libre circulation au sein de l’UE et de l’Espace Schengen.

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