Après l’annonce de fermeture de Bridgestone

... Béthune doit plus que jamais être un « territoire d’industries »

L’annonce, ce mercredi 16 septembre, de la fermeture de l’usine emblématique de Béthune n’est qu’une demi-surprise. Je m’y attendais depuis longtemps et m’étais préparée à cette éventualité.

C’est d’abord un sentiment de grande tristesse qui m’anime. Peu nombreux désormais sont ceux qui connaissent l’histoire de celle qu’on appelle souvent encore « Firestone » et le rôle joué par mon père dans son implantation à Béthune en 1961.

Mais il en est des entreprises comme des hommes : elles naissent, se développent et s’éteignent… mais, 60 ans, c’est jeune, trop jeune !

Il est vrai que Béthune était, de loin, l’usine la moins compétitive du groupe.

Il est vrai que le sous-investissement était manifeste depuis longtemps, priorité ayant été donnée à la préservation de l’emploi.

Il est vrai aussi que l’attachement des salariés à leur usine était réel.

Il est vrai que le groupe Bridgestone, ayant beaucoup souffert de la pandémie, est aussi confronté à une concurrence asiatique exacerbée et est donc fragilisé ; il a d’ailleurs récemment perdu sa place de leader mondial du pneu au profit de… Michelin. Le groupe nippon a fait le choix stratégique de quitter la France…

Un Accord de Performance Collective aurait-il pu inverser la tendance ? Je ne le pense plus.

Firestone-Bridgestone faisait partie intégrante du paysage béthunois, presque de son patrimoine ! Cette firme aura beaucoup apporté au territoire pendant ces six décennies. Peut-être a -t-on manqué un peu de considération pour tout ce qu’elle représentait (en 2019, 20 millions d’euros de salaires et 5,5 millions d’impôts et taxes !).

Il nous faut désormais nous mobiliser pour que cette déflagration économique se fasse avec le moins de dégâts.  L’heure va être à la recherche de solutions alternatives pour le site et la direction de Bridgestone doit y contribuer.

Aujourd’hui je pense aux salariés et à leurs familles. Je pense notamment aux plus jeunes, qu’il faudra accompagner afin qu’ils retrouvent, au plus vite, le chemin de l’emploi. Je pense aussi aux sous-traitants et à leurs équipes car il faut avoir en tête qu’un emploi industriel génère près de dix emplois induits.

Béthune est dans une agglo labellisée « territoire d’industries ». Plus que jamais elle doit être identifiée comme telle, surtout à l’heure des plans de relance régional et national, où des milliards vont être consacrés aux relocalisations d’activités manufacturières.

Bien sûr, l’ère des grandes usines est révolue mais l’écosystème artésien a des atouts. Nous, élus, devons donc nous employer à les rendre plus lisibles pour offrir un territoire plus attractif. Ruitz et Douvrin en sont deux fleurons. Béthune et sa zone industrielle « Washington » doivent en devenir le troisième.

Je sais que la nouvelle gouvernance de l’agglomération autour d’Olivier Gaquerre peut compter sur l’engagement du Président Xavier Bertrand et l’appui du Gouvernement. La ministre Agnès Pannier-Runacher et l’Etat sont aussi pleinement mobilisés. Mais je lance un appel à l’ensemble des forces vives. Et je salue la volonté de dialogue des représentants du personnel.

Aujourd’hui, nous sommes abattus mais nous devons nous ressaisir et préparer dès demain, tous ensemble, un véritable projet industriel annonciateur de jours meilleurs pour notre territoire.

Marguerite Deprez-Audebert

Députée du Pas de Calais

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