Un déconfinement européen trop disparate

Alors que nous venons de vivre huit semaines de confinement, le déconfinement progressif du pays suscite soulagement et espoir, mais également de la crainte. La crise sans précédent que nous traversons tous ensemble, est loin d’être terminée.  Nous ne retrouverons pas de sitôt notre vie d’avant, il en va de notre sécurité collective.

Pour réussir le déconfinement, le gouvernement a opté pour une stratégie différenciée, au plus près des réalités de terrain, afin de faire du sur-mesure. Cela permet à tous les acteurs d’être associés et vigilants, pour assurer la sécurité de l’ensemble de la population.

Il s’agit d’une réponse pragmatique et rassurante, concertée avec les élus locaux qui connaissent leur commune et leurs administrés, les établissements scolaires ainsi que les entreprises établies sur leur territoire.

Alors que la France en sort prudemment, d'autres pays européens l’ont déjà réalisé. Petit tour d'horizon par pays des mesures sanitaires prises récemment.

Allemagne, les régions aux commandes

Les régions (Länder) organisent leur déconfinement et ont observé avec attention la méthode française. Au nord de l’Allemagne, il est déjà possible de se rendre au restaurant ou au café depuis le 9 mai. Les autres régions suivront dans les jours ou semaines à venir.

Le masque, les gestes barrières et la distanciation sociale sont de rigueur, et la majorité des magasins de moins de 800 mètres carrés ont levé le rideau le 20 avril.

Les salons de coiffure, les lieux de cultes et les musées, les écoles ont repris lundi 4 mai dans certaines régions. Les grands rassemblements sont interdits jusqu'au 31 août.

Autriche : levée des restrictions de déplacement

Le 2 mai, ont pu ouvrir les salons de coiffures et certaines activités sportives de plein air comme le golf et le tennis.

Le 4 mai, les élèves de terminale ont retrouvé le chemin du lycée et une rentrée progressive pour les autres élèves est programmée.

Les restrictions de déplacement ont été levées, et les rassemblements autorisés jusqu'à 10 personnes sous réserve du respect de la distanciation sociale.

Le port du masque est obligatoire dans les transports en commun et l’ensemble des magasins.

Italie :  un déconfinement progressif

Les écoles italiennes resteront fermées jusqu'en septembre, tandis que les usines, chantiers et bureaux ont déjà ouvert leurs portes depuis le 4 mai.

Les règles de distanciation sociale sont toujours en vigueur avec le port du masque obligatoire dans les transports, comme dans les parcs désormais ouverts au public.

Tous les sports individuels et collectifs ont été suspendus début mars ; on est autorisé de courir ou utiliser son vélo dans un rayon de 100 mètres autour de son domicile. Depuis lundi 11 mai, les autorités locales peuvent aussi autoriser des sports individuels tels que le surf ou le kitesurf, à condition de respecter une distance de sécurité.

L'ensemble des commerces de détail ouvriront à nouveau leurs portes le 18 mai, ainsi que musées, lieux culturels, les bibliothèques et les églises.

Déjà autorisés à vendre des plats à emporter, bars et restaurants ouvriront complétement leurs activités le 1er juin, ainsi que les salons de coiffure.

Rappelons que la pandémie y a fait environ 30 000 morts à ce jour.

Au Portugal, un déconfinement progressif dans un pays plutôt épargné

Au Portugal, la réouverture des petits commerces a démarré en début de semaine, où distanciation sociale, port du masque ou de visières de protection sont obligatoires dans les magasins, comme dans les bâtiments de services publics et les transports en commun. Certains commerces comme les salons de coiffure reçoivent uniquement sur rendez-vous.

Le plan de déconfinement a été programmé progressivement durant le mois de mai.

Le télétravail reste de mise lorsqu'il est possible, et les rassemblements de plus de dix personnes restent interdits.

L'enseignement à domicile est maintenu jusqu'à la fin de l'année scolaire pour les écoles primaires et les collèges, tandis que les activités sportives reprennent progressivement.

Grèce : fermeture et réouverture précoces

Après les librairies ou les coiffeurs, ouverts depuis le 4 mai, les magasins lèveront le rideau lundi 18 mai, sauf les centres commerciaux restant fermés jusqu'au 1er juin.

Les plages ont été ouvertes au public le week end dernier, les grands sites archéologiques et l'Acropole le 18 mai, puis les musées le 15 juin.

Pourtant épargnée par l’épidémie par rapport à ses voisins européen, la Grèce a imposé plus tôt des mesures de restriction, en raison d’un système hospitalier très affaibli par la crise de leur dette, mais également par le vieillissement de la population.

Danemark :  un déconfinement court

Le Danemark avait pris, dès la mi-mars, des mesures pour freiner la propagation du coronavirus, mais de façon beaucoup moins sévère qu'ailleurs en Europe et pour un temps bien plus court.

Les écoles maternelles, primaires et les crèches sont ouvertes depuis le 15 avril, ainsi que les petits commerces.

Lundi 18 mai, verra le retour en classe des collégiens, la réouverture des cafés et des restaurants, les centres commerciaux, les lieux de cultes, sous réserve bien évidemment de respecter la distanciation sociale.

Le bilan danois en nombre de morts est, toutefois un peu plus lourd que dans d'autres pays nordiques de population comparable, comme la Finlande et la Norvège.

Suède :  une politique de l’immunité et du non-confinement

La Suède a décidé de maintenir les écoles, cafés et restaurants ouverts, laissant se propager le Covid-19, misant sur l’immunité de la population, une fois que 70% aura été en contact avec le virus.

Les restrictions pour contenir le virus ont été les plus légères en Europe, et force est de constater que la protection des aînés n’a pas été à la hauteur de la situation puisque sur les 3 200 décès, la moitié est intervenue dans des établissements à destination des personnes âgées.

D’après certaines sources, lors d’hospitalisation pour d’autres affections, des personnes âgées auraient été renvoyées en maison de retraite propageant ainsi le virus au sein d’une population vulnérable.

 

La compétence santé n’étant pas une compétence de l’Union européenne, il était inévitable que la préhension de la pandémie manque de coordination ; les hésitations du début ont fait place à une réaction bienvenue quant aux mesures prises. La crise a exacerbé les failles de l’Europe et doit appeler à réfléchir sur une stratégie commune, dans le domaine sanitaire. La crise économique qui va suivre et n’épargnera aucun pays de l’Union, demandera aussi une meilleure coopération, pour sauver des pans entiers comme l’agriculture, l’industrie, le tourisme.

La prochaine conférence pour l’avenir de l’Europe devra intégrer ses problématiques dans ses réflexions.

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