"La pollution plastique peut nous mener à un océan mort". Jimmy Pahun

Alors que les travaux parlementaires sur l’économie circulaire débuteront en septembre, Jimmy Pahun, député du Morbihan et navigateur, a effectué, fin juillet 2019, un voyage d’observation à bord du Tara. Ce voilier français destiné à la recherche scientifique et à la défense de l'environnement sonde l'origine des micro-plastiques. Retour sur cette expérience, interview :

 

Quelle est l’origine des micro-plastiques ? 

Jimmy Pahun : l’origine des micro-plastiques, c’est nous hélas! 

La mission de TARA nous permettra de savoir avec plus de précision leur provenance :

  • quels types de plastiques,
  • quels produits,
  • quels lieux de production, etc.

Ces informations sont essentielles pour lutter contre cette pollution. Il est certain que nous produisons et consommons trop de plastiques!

Il faut agir sur l’emballage, il faut aussi arrêter avec ces plastiques dont on ne peut rien faire. 

Il faut que la loi interdise à moyen terme tout plastique ni biodégradable, ni recyclable. Il faut aider les industriels à aller vers ce chemin. Je crois dans la volonté des filières professionnelles à s'engager dans cette voie.

Le chemin est tracé et je compte beaucoup sur la ministre Brune Poirson pour orchestrer tout cela.

 

Quelles sont leurs conséquences ? 

Les conséquences de cette pollution sont très inquiétantes.

La pollution plastique peut nous mener à un océan mort. 

Des zones mortes, il en existe malheureusement déjà. Prenez par exemple la baie de Chesapeake, en aval de Washington. Elle était un vrai lieu de biodiversité. La pêche à la drague introduite en 1870 a été la première cause de déstabilisation de son milieu. Il y a eu une explosion de l’exploitation des huîtres, avec une grave conséquence : la chute du nombre d'huîtres, filtres naturels capables d'absorber l’activité industrielle, urbaine et les nitrates agricoles. En 1970, Chesapeake connaît le triste privilège d’être le premier endroit de la planète déclaré "zone maritime morte". 

 

Pourquoi cela vous touche en tant que député du Morbihan mais aussi en tant que navigateur ? 

Cela me touche pour les mêmes raisons en tant que député et en tant que navigateur. J’ai le fantastique privilège d’être les deux à la fois et de pouvoir me servir de cette première vie de marin dans ma nouvelle vie politique.

Les questions littorales et maritimes m’intéressent particulièrement de ce fait. J’ai ainsi pu faire adopter une loi pour protéger l’agriculture en zone littorale et notamment les cultures marines. De même, dans le cadre de la loi sur les mobilités, j’ai fait voter de nombreux amendements sur le maritime. Il était logique que mon travail législatif aille dans cette direction.

Si je veux protéger l’océan c’est aussi parce que l’urgence climatique est notre priorité. L’océan joue un rôle fondamental dans la régulation du climat en captant la moitié du dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère. 

Ce rôle de l'océan, il faut sans cesse le rappeler. C’est ce que Tara et la plateforme Océan Climat font depuis 15 ans. Je veux les aider à porter ces sujets pour trouver des solutions au niveau international.

En quoi consiste la nouvelle mission de Tara ?

Sur cette mission, Tara et son équipe partent une nouvelle fois à la recherche de micro-plastiques. Ils étaient déjà partis en Méditerranée en 2010.

Cette année, ils remontent 10 des 15 principaux fleuves d’EuropeÉtudier les micro plastiques dans ces cours d'eau, explorer le cours des fleuves pour identifier les foyers de dispersion et leur impact : voilà en quelques mots ce qu’est cette mission de 6 mois qui réunit 40 scientifiques, 5 marins pour 10 pays visités, 17 000 km et 4 façades maritimes étudiées : mer du Nord, mer Baltique, Atlantique et Méditerranée.

 

Comment lutter contre les déchets plastiques dans les océans ?

Les solutions sont à terre !

Le simple constat ne suffit plus : la démarche scientifique doit éclairer les prises de décisions pour enclencher la transition plastique.

Il nous faut maintenant :

  • poursuivre la recherche pour comprendre les effets des plastiques sur la biodiversité marine et ce afin d'orienter les politiques publiques,
     
  • soutenir les interactions entre industriels et scientifiques pour proposer des solutions innovantes en vue de réduire les déchets, concevoir des matériaux biodégradables, recyclables et non toxiques,
     
  • mobiliser le grand public et les nouvelles générations contre la surconsommation d’emballages et de produits à usage unique.

 

Quels sont les impacts, au quotidien, pour les villes du littoral  ? 

Elles doivent être exemplaires et à l’initiative de comportements nouveaux. Nous devons à nos visiteurs des villes propres. Aux commerçants et aux habitants de donner l'exemple.

Le littoral c’est aussi bien sûr la pêche et l’aquaculture, avec un effort à faire dans la gestion de nos filets de pêche et des poches à huîtres.

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