L’Histoire de Greta Thunberg en lutte pour le climat

Chaque Vendredi depuis un an, la jeune Suédoise manifeste devant le Parlement à Stockholm.

Vêtue d'un imperméable jaune, Greta Thunberg, 16 ans, tient sa désormais célèbre affiche "School Strike For Climate". Cette collégienne suédoise a lancé une grève de l'école pour obliger les États à accélérer la transition écologique. 

« La crise climatique ne se propage pas pendant les vacances d'été, et nous non plus », a déclaré la militante adolescente dans un tweet pour rallier ses partisans dans le monde entier.

Au cours de l'année écoulée, les sit-in hebdomadaires de Greta Thunberg en dehors du parlement suédois ont gagné un public mondial, les étudiants quittant l'école dans plus de 100 pays.

Si elle paraît frêle dans son imperméable, sa chemise de coton à carreaux, ou sa petite robe noire, les cheveux sagement tressés, sa gourde rouge constamment à portée de main, la jeune fille est déterminée. « Nous n'avons plus le choix. Les dirigeants du monde ont ignoré nos alertes et nous ignorent encore. Nous sommes ici pour leur faire savoir que le changement arrive, qu'ils le veuillent ou non », assène-t-elle.

La famille Thunberg dit avoir compris la détermination de Greta depuis 2013. Cette année-là, Greta cesse de s'alimenter et refuse de parler. L'hôpital diagnostique une dépression et un syndrome d'Asperger, une forme d'autisme. 

La fillette finit par parler de ce qui la dérange. En effet, sa mère, la chanteuse d’opéra Malena Ernman, connue en Suède, rentrait d'un festival au Japon cette année-là. Aller-retour Stockholm-Tokyo en avion, émissions de kérosène qui réchauffent la planète... « C'est comme si tu avais tué 80 personnes ! » finit par dire Greta.

 « Ça a été un électrochoc. On a arrêté de travailler (…). Nous étions une partie du problème et nous ne l'avions pas compris », se remémore le père. A partir de ce moment toute la famille s’est remise en question et pensait seulement à son aïeul. En effet, Svante Arrhenius, prix Nobel de chimie en 1903, a expliqué l'effet de réchauffement du CO2 dans l'atmosphère au début du XXe siècle.

La mère renonce à sa carrière internationale ; le père, à ses belles voitures. Les Thunberg ne mangent dorénavant plus de viande. Ils ont aussi accepté la grève hebdomadaire d'une journée d'école de leur fille.

L’autisme de Greta confère une attention accrue pour les tâches intellectuelles. Elle dévore les ouvrages scientifiques. Elle en veut « aux médias » qui « ne mesurent pas l'ampleur de la crise à laquelle nous sommes confrontés. »

« Ne mangez pas de viande, ne conduisez une voiture qu'en cas de nécessité ; consommez local, économisez toute l'énergie, l'eau, que vous pouvez », assène la Suédoise. Quand des journalistes l'interrogent sur les sacrifices annoncés pour sa génération. Elle tique. « Quels sacrifices ? Nous avons mis deux jours pour aller en voiture électrique à la COP24 en Pologne. Ce n'est pas long. Ce n'est pas grave de s'ennuyer un peu... »

Des résultats…

Les grèves climatiques ont semblé remuer certains de ceux qui étaient au pouvoir. La chancelière allemande Angela Merkel a félicité les étudiants pour leur action. Après des réticences initiales, son gouvernement s'est joint aux efforts européens pour adopter un objectif d'émissions à l'échelle de l'UE. Au Royaume-Uni, le Parlement a déclaré une urgence climatique et adopté de nouveaux objectifs d'émissions, en partie en réponse aux protestations.

Malgré les efforts des étudiants dans la rue, certains gouvernements ont bloqué la proposition de l'Union Européenne de réduire les émissions nettes à zéro. Ce plan, débattu lors du sommet européen de juin, aurait permis d'éliminer la plupart des émissions de gaz à effet de serre de l'Union d'ici 2050.

Si aujourd’hui la jeune fille fait la une du magazine Time, et que son nom a été glissé pour le prochain prix Nobel de la Paix, elle est loin de faire l’unanimité. De la droite conservatrice aux partisans du progrès technologique, on lui reproche d’avoir orchestré un coup de communication planétaire.  La jeune Suédoise n’appelle qu’à une grève scolaire pacifique pour le climat et pourtant, les attaques sont fréquentes, parfois violentes contre cette leader de 16 ans. Des pétitions sont fréquemment lancées. La droite conservative fustige le fait qu’une enfant de 16 ans puisse donner des leçons, appelant contre le « totalitarisme vert ». D’autres, parfois médecins s’inquiètent pour sa santé reprochant aux parents d’exposer leur fille, aux médias du monde qui, atteint du syndrome d’Asperger, souffre de « troubles obsessionnels compulsifs et d’une dépression infantile ».

Mais des détracteurs…

En effet, Greta est l’objet d’un flot d’accusations. Elle a fini par se défendre sur Facebook. Voici un extrait de sa réponse :

« Beaucoup de gens aiment faire circuler des rumeurs disant que des gens « sont derrière moi » ou que je suis « payée » ou « utilisée » pour faire ce que je fais. Mais il n'y a personne « derrière » moi, excepté moi-même. Mes parents étaient aussi éloignés que possible des militants du climat avant que je ne les sensibilise à la situation. Je ne fais partie d'aucune organisation. Je soutiens et coopère parfois avec plusieurs ONG qui travaillent pour le climat et l'environnement. Mais je suis absolument indépendante et je ne représente que moi-même. »

Elle aura beau le clamer haut et fort, son intégrité sera toujours remise en question. Jusqu’à preuve du contraire, elle est innocente face aux nombreuses accusations qui lui sont portées.

A l’Assemblée Nationale

Ce Mardi, 23 juillet, Greta Thunberg est venue avec son livre de chevet: le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). « On nous accuse, nous les enfants, d'être des alarmistes, lance la jeune oratrice de 16 ans. Mais avez-vous seulement lu le dernier rapport du Giec ? » Comme un maître d'école, face aux députés et journalistes parfois médusés, elle fait la classe : «   Page 108. Tout y est. Nous n’avons plus que huit ans et demi avant d’avoir épuisé notre crédit carbone. Et parce que nous sommes les seuls à oser le dire, nous sommes devenus les méchants. Mais y a-t-il un rapport du GIEC caché, y a-t-il un Accord de Paris caché ? »

Greta Thunberg n'était pas là pour donner des bonnes nouvelles. La fin du monde ? « Ce ne sera pas pour dans onze ans », lance-t-elle en guise d'introduction. Comme une espièglerie à ces adultes qui l'accusaient tout le moins de « semer la panique ».

La jeune fille a rajouté devant les députés venus à l’occasion de la conférence « vous n’êtes pas obligés de nous croire, nous ne sommes que des enfants. Mais écoutez ce que les scientifiques ont à vous dire. », avant de laisser la parole à la climatologue Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe de travail sur les sciences du climat du GIEC également présente sur l’estrade.

Pour la vice-présidente du GIEC, le discours de la jeune Greta évoque celui de la servitude volontaire de La Boétie : « Il l’avait écrit à peu près à votre âge, rappelle la climatologue. Et il se termine par ces mots : “Apprenons, apprenons à bien faire.” »

Richard Ferrand s'est entretenu avec la militante pour le climat et les jeunes de l’association Youth Climat, à l’hôtel de Lassay dans la journée.

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