Ma vie de députée

Marguerite Deprez-Audebert

Lundi 14 juin

Dans l’après-midi, je me connecte à une visioconférence avec Annelore Coury, conseillère sociale du Président de la République. Nous faisons le point sur les aides économiques mobilisées par le Gouvernement au moment de la crise. Dans un contexte de sortie de crise, nous devons maintenant anticiper la reprise des activités, notamment en renforçant l’accès à la formation pour tous, indépendamment de l’âge et de la catégorie socio-professionnelle. J’interviens pour souligner le besoin de valoriser les emplois dans l’industrie et les formations professionnelles. Plusieurs entreprises m’ont signalé qu’il y avait un manque de main-d’œuvre dans l’industrie : il faut donc rendre ces métiers plus attractifs et informer les jeunes des perspectives de carrière dans l’industrie.

Mardi 15 juin

Train matinal pour Paris. Dans le cadre de notre réunion hebdomadaire du groupe MoDem, nous recevons Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, et Nathalie Élimas, secrétaire d’État chargée de l’Éducation prioritaire, qui nous font un point sur leur actu.

A 15H, je rejoins l’hémicycle pour les Questions au Gouvernement (QAG).

Ensuite, la commission des Affaires économiques se réunit pour examiner la proposition de loi visant à protéger le revenu des agriculteurs, portée par mon collègue Grégory Besson-Moreau. Malgré l’avancée notable que représente la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable, dite loi « EGAlim », votée en 2018, de nombreux agriculteurs français se retrouvent avec des revenus qui ne progressent pas assez ; le but n’est pas atteint. C’est à ce problème que la proposition de loi veut s’attaquer. Avec le groupe MoDem, nous soutenons cette démarche. Cependant, il est important de prendre en compte les interrogations exprimées par les transformateurs aussi. Ils font l’intermédiaire entre les producteurs et les distributeurs et ont, eux aussi, besoin de préserver leurs marges lors des négociations commerciales. L’examen du texte se poursuite dans la soirée.

Mercredi1 16 juin

Retour à la commission des Affaires économiques ; nous auditionnons mon collègue Frédéric Descrozaille qui présente son excellent rapport sur la gestion des risques agricoles. C’est l’occasion pour moi d’attirer l’attention sur les risques spécifiques auxquels sont confrontés les betteraviers. En effet, à l’été dernier, leurs cultures ont été fortement décimées en raison de la propagation de la jaunisse, maladie véhiculée par les pucerons, dont la reproduction avait été favorisée par une période de sécheresse. Or, en raison de l’interdiction des néonicotinoïdes en 2018, les agriculteurs concernés n’avaient pas suffisamment de moyens pour endiguer la progression de la jaunisse. Il s’agit là d’un risque multifactoriel, dû à des phénomènes climatiques (sécheresse) et à l’évolution des pratiques agricoles (interdiction de l’utilisation des néonicotinoïdes). Cette complexité mérite d’être prise en compte si nous voulons accompagner notre agriculture dans la prévention des risques.

La commission des Affaires économiques reçoit, par la suite, Stéphane Richard, PDG d’Orange, que nous auditionnons sur les dysfonctionnements qui ont affecté les numéros d’appel d’urgence lors de la méga panne qui a neutralisée plus de trois millions d’appels le 2 juin dont 11 000 destinés aux services d’urgence. Retour en circonscription en début d’après-midi.

Jeudi 17 juin

La commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale se réunit en format « triangle de Weimar » avec nos collègues du Sénat, du Bundestag allemand et de la Diète et du Sénat polonais. D’abord, nous échangeons sur la Conférence sur l’avenir de l’Europe qui constitue un exercice de démocratie participative inédit à l’échelle européenne. Il s’agit d’une initiative précieuse qui doit permettre de rapprocher l’Europe des citoyens.

Dans un second temps, nous abordons le marché unique sous l’angle de la reprise économique et de la transition écologique. J’interroge mes collègues allemands et polonais sur leurs positions concernant le classement de l’énergie nucléaire comme « énergie de transition ». Il s’agit là d’une question qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’Union européenne : en témoigne le fait que la Commission européenne n’a pas encore tranché cette question, alors qu’elle avait publié, le 21 avril dernier, un document sur le système européen de classement des investissements verts, dit « taxonomie de la finance durable ».

La question de la transition énergétique n’est pas le seul point de divergence sur lequel nous revenons pendant cette réunion. Évidemment, la question de l’État de droit en Pologne demeure inquiétante. Les représentants de la majorité gouvernementale polonaise ne cachent pas leur opposition à notre conception de la démocratie libérale. Cependant, plusieurs collègues polonais ont exprimé leur attachement à nos valeurs communes.

Vendredi 18 juin

Retour à la structure de formation INSTEP de Béthune, en compagnie du ministre Laurent Pietraszewski, afin d’échanger avec eux sur l’évolution positive du nombre de personnes formées, permettant retour à l’emploi ou réorientation de carrière. Des ex-salariés de Bridgestone y suivent actuellement une formation en génie civil pour les uns, chauffagiste pour les autres. Puis visite des installations du port industriel de Béthune où plus de 50 000 containers transitent désormais chaque année. L’investissement de 10 millions d’euros s’avère très positif. Une nouvelle directrice du site rénové le confirme devant Alain Cuisse, vice-président de la CCI venu nous accueillir.

Cérémonie commémorative de l’Appel du 18 juin du Général de Gaulle, où l’on peut commencer à retirer les masques en extérieur pour les rassemblements de moins de 10 personnes, les conditions sanitaires le permettant.

Je participe à l’Assemblée Générale gymnastique féminine béthunoise, association dont les activités vont reprendre grâce à la maitrise de l’épidémie de la COVID19. Marie France Massard s’inquiète de ne pas retrouver ses 1000 adhérentes des jours heureux de l’avant-Covid ! Je la rassure.

C’est la fin de la campagne électorale pour la candidate, conseillère régionale sortante que je suis. Ce « journal de bord » d’une députée n’est pas le lieu de s’étendre mais à ce moment d’avant vote, je crois nécessaire d’informer, d’autant plus que lorsque cet article sera mis en ligne, les dés auront été jetés ! Pour être en cohérence avec mon soutien au président Macron et par loyauté avec ma famille politique du Modem, j’ai dû me désolidariser de mes camarades qui ont choisi de rester dans l’équipe de Xavier Bertrand qui leur avait garanti une place éligible.

Samedi 19 juin

Je pars à la rencontre des bénévoles et salariés de l’association de réinsertion « Tisse un lien », qui a quitté Béthune pour Annequin pour la journée d’inauguration des nouveaux locaux et la présentation du nouveau concept, avant de retrouver, avec grand plaisir, le Beffy Big Band pour un concert au jardin public de Béthune.

Dimanche 20 juin

Jour d’élections départementales et régionales. Après avoir accompli mon devoir, j’effectue mon traditionnel « marathon » de l’ensemble des bureaux de vote des 32 communes de la circonscription. Malgré un itinéraire bien rôdé, en raison des consignes sanitaires et du doublement des bureaux pour ces deux scrutins, je ne parviens pas à faire le grand chelem, ni donc à féliciter tous les présidents, assesseurs et secrétaires de mairie assurant par leur mobilisation la tenue de ces élections. 24 communes aujourd’hui ; il m’en restera 8.  Je poursuivrai dimanche prochain cette tournée. Malheureusement le constat d’une très faible participation des électeurs se ressent au cours de la journée, pour arriver au record d’abstention que l’on sait.

Il faut se poser les bonnes questions et tenter d’apporter une réponse immédiate et collective à la modernisation de notre démocratie.  Ces réformes sont vitales pour qu’à la sortie de cette crise économique et sociale, nous ne nous enfoncions pas davantage dans cette crise démocratique.

Les résultats tombent et nous surprennent ; un record absolu d’abstentions : deux citoyens sur trois n’ont pas voté. C’est une surprime pour le président sortant et l’élimination pour ma liste « Hauts de France unis » et son chef de file Laurent Pietraszewski, qui finira avec 9,14%. Il fallait 10% pour se maintenir, soit 20 000 électeurs de plus !

Le RN plonge et perd 600 000 voix sur les 5 départements par rapport à la dernière régionale de 2015.

Karima Delli, la star écologiste des gauches plafonne à 18%, pour les 4 formations qu’elle a rassemblées.

Avec une aussi faible participation, l’analyse d’un scrutin s’avère hasardeuse. Les pronostics des sondeurs ont été déjoués.

Une triangulaire se profile pour le second tour.

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